La santé osseuse est un enjeu crucial pour les personnes âgées de plus de 70 ans. Avec l'avancée en âge, le risque d'ostéoporose et de fractures augmente considérablement, rendant la surveillance de la densité osseuse primordiale. La densitométrie osseuse, ou ostéodensitométrie, joue un rôle essentiel dans l'évaluation de ce risque et la mise en place de stratégies préventives adaptées. Cet examen non invasif permet de mesurer avec précision la masse osseuse et d'identifier précocement les signes de fragilité squelettique. Comprendre quand et pourquoi réaliser une densitométrie osseuse après 70 ans est fondamental pour maintenir une bonne qualité de vie et prévenir les complications liées à la fragilité osseuse.

Principes fondamentaux de la densitométrie osseuse

La densitométrie osseuse est une technique d'imagerie médicale qui utilise des rayons X à faible dose pour mesurer la densité minérale osseuse (DMO). Cette méthode, également connue sous le nom d'absorptiométrie biphotonique à rayons X (DXA), est considérée comme le gold standard pour le diagnostic de l'ostéoporose. Elle permet d'évaluer avec précision la quantité de calcium et d'autres minéraux présents dans une zone spécifique des os.

L'examen est indolore, non invasif et rapide, ne durant généralement que 10 à 20 minutes. Il est particulièrement important pour les personnes âgées de plus de 70 ans, car la perte osseuse s'accélère avec l'âge, augmentant le risque de fractures. La densitométrie osseuse aide les médecins à identifier les patients à risque avant qu'une fracture ne survienne, permettant ainsi une intervention précoce et une meilleure prise en charge.

Les résultats de la densitométrie sont exprimés en T-score et Z-score, qui comparent la densité osseuse du patient à celle d'une population de référence. Un T-score inférieur ou égal à -2,5 indique une ostéoporose, tandis qu'un score entre -1 et -2,5 suggère une ostéopénie, un stade précurseur de l'ostéoporose.

Indications médicales pour la densitométrie après 70 ans

La réalisation d'une densitométrie osseuse après 70 ans est recommandée dans plusieurs situations. Les indications médicales sont basées sur la présence de facteurs de risque spécifiques et sur l'historique médical du patient. Il est crucial de comprendre ces indications pour optimiser la prise en charge de la santé osseuse chez les seniors.

Facteurs de risque d'ostéoporose chez les seniors

Plusieurs facteurs augmentent le risque d'ostéoporose chez les personnes âgées de plus de 70 ans. Parmi ces facteurs, on trouve :

  • Le sexe féminin, en particulier après la ménopause
  • Un faible indice de masse corporelle (IMC inférieur à 19)
  • Le tabagisme actif ou passé
  • Une consommation excessive d'alcool
  • Un manque d'activité physique régulière

La présence d'un ou plusieurs de ces facteurs justifie souvent la recommandation d'une densitométrie osseuse pour évaluer le risque de fracture et déterminer la nécessité d'un traitement préventif ou curatif.

Antécédents de fractures et leur impact sur le diagnostic

Les antécédents de fractures, en particulier celles survenues sans traumatisme important ou suite à une chute de faible hauteur, sont un indicateur majeur de fragilité osseuse. Chez les personnes de plus de 70 ans ayant subi une fracture, une densitométrie osseuse est fortement recommandée pour évaluer l'étendue de la perte osseuse et guider le traitement.

Une fracture vertébrale ou de la hanche est particulièrement préoccupante et justifie une évaluation immédiate de la densité osseuse. Ces fractures sont souvent le signe d'une ostéoporose avancée et augmentent considérablement le risque de fractures futures.

Maladies chroniques affectant la densité osseuse

Certaines maladies chroniques peuvent avoir un impact négatif sur la santé osseuse. Les patients de plus de 70 ans souffrant de ces affections devraient envisager une densitométrie osseuse régulière. Parmi ces maladies, on trouve :

  • L'hyperparathyroïdie
  • L'hyperthyroïdie
  • La polyarthrite rhumatoïde
  • Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin
  • L'insuffisance rénale chronique

Ces pathologies peuvent accélérer la perte osseuse ou interférer avec le métabolisme du calcium, augmentant ainsi le risque d'ostéoporose et de fractures.

Traitements médicamenteux influençant le métabolisme osseux

Certains médicaments, couramment prescrits chez les personnes âgées, peuvent avoir un impact négatif sur la densité osseuse. Les patients de plus de 70 ans sous traitement prolongé avec les médicaments suivants devraient envisager une densitométrie osseuse :

  • Corticostéroïdes (prise orale pendant plus de 3 mois)
  • Inhibiteurs de l'aromatase (utilisés dans le traitement du cancer du sein)
  • Anticonvulsivants
  • Certains traitements hormonaux pour le cancer de la prostate

Une surveillance régulière de la densité osseuse permet d'ajuster ces traitements ou de mettre en place des mesures préventives pour limiter leur impact sur le squelette.

Techniques et protocoles de l'examen DXA

L'examen de densitométrie osseuse par absorptiométrie biphotonique à rayons X (DXA) est la méthode de référence pour mesurer la densité minérale osseuse. Cette technique précise et fiable permet d'évaluer le risque de fracture et de diagnostiquer l'ostéoporose chez les personnes âgées de plus de 70 ans.

Fonctionnement de l'absorptiométrie biphotonique à rayons X

La DXA utilise deux faisceaux de rayons X d'énergies différentes pour mesurer la densité osseuse. Ces rayons traversent les tissus et sont absorbés différemment par l'os et les tissus mous. L'appareil mesure la quantité de rayons X qui traverse le corps, permettant ainsi de calculer la densité minérale osseuse avec une grande précision.

Cette technique présente plusieurs avantages :

  • Faible dose de radiation (équivalente à quelques jours d'exposition naturelle)
  • Rapidité de l'examen (10 à 20 minutes en moyenne)
  • Résultats reproductibles pour un suivi dans le temps
  • Capacité à mesurer la composition corporelle (masse grasse et masse maigre)

Sites anatomiques ciblés : col fémoral, rachis lombaire, avant-bras

La densitométrie osseuse se concentre généralement sur trois sites anatomiques principaux :

  1. Le col fémoral : Cette zone est cruciale car elle est fréquemment le site de fractures de la hanche, particulièrement invalidantes chez les seniors.
  2. Le rachis lombaire : Les vertèbres lombaires sont souvent touchées par l'ostéoporose et les fractures vertébrales.
  3. L'avant-bras : Cette mesure est utile lorsque les autres sites ne peuvent pas être évalués, par exemple en cas de prothèse de hanche.

La mesure de ces différents sites permet d'obtenir une évaluation globale de la santé osseuse et d'identifier les zones les plus à risque de fracture.

Interprétation du t-score et du z-score

Les résultats de la densitométrie osseuse sont exprimés en deux scores principaux :

Le T-score compare la densité osseuse du patient à celle d'une population jeune et en bonne santé du même sexe. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé :

  • Un T-score supérieur à -1 est considéré comme normal
  • Un T-score entre -1 et -2,5 indique une ostéopénie (perte osseuse modérée)
  • Un T-score inférieur ou égal à -2,5 diagnostique une ostéoporose

Le Z-score, quant à lui, compare la densité osseuse du patient à celle d'une population de même âge et de même sexe. Un Z-score inférieur à -2 est considéré comme anormalement bas et peut indiquer une cause secondaire de perte osseuse.

Durée et déroulement de l'examen pour les patients âgés

Pour les patients âgés de plus de 70 ans, l'examen de densitométrie osseuse est généralement rapide et confortable. Voici le déroulement typique :

  1. Le patient s'allonge sur une table d'examen, habillé de vêtements légers sans pièces métalliques.
  2. Un bras articulé contenant la source de rayons X se déplace au-dessus du corps.
  3. Les mesures sont prises au niveau de la hanche et de la colonne vertébrale, parfois de l'avant-bras.
  4. L'examen dure environ 10 à 20 minutes au total.
  5. Le patient peut reprendre ses activités normales immédiatement après l'examen.

Pour les personnes âgées ayant des difficultés de mobilité, le personnel médical est formé pour aider au positionnement et assurer le confort du patient tout au long de l'examen.

Fréquence recommandée des examens après 70 ans

La fréquence des examens de densitométrie osseuse pour les personnes de plus de 70 ans dépend de plusieurs facteurs, notamment les résultats initiaux, les facteurs de risque individuels et les traitements en cours. En général, les recommandations suivantes s'appliquent :

Pour les patients sans ostéoporose diagnostiquée et sans facteurs de risque majeurs, un examen tous les 2 à 3 ans peut être suffisant. Cependant, pour ceux ayant une ostéoporose confirmée ou des facteurs de risque importants, un suivi annuel peut être recommandé.

Les patients sous traitement anti-ostéoporotique bénéficient généralement d'un contrôle tous les 1 à 2 ans pour évaluer l'efficacité du traitement et ajuster la prise en charge si nécessaire. Il est important de noter que des changements significatifs de la densité osseuse ne sont généralement pas observables avant 18 à 24 mois de traitement.

Une surveillance régulière de la densité osseuse après 70 ans permet une détection précoce des pertes osseuses significatives et une intervention rapide pour prévenir les fractures.

La décision finale concernant la fréquence des examens doit être prise en concertation avec le médecin traitant, en tenant compte de l'état de santé global du patient et de son profil de risque individuel.

Impact de la densitométrie sur la prise en charge thérapeutique

Les résultats de la densitométrie osseuse jouent un rôle crucial dans la prise de décision thérapeutique pour les patients âgés de plus de 70 ans. Ils permettent non seulement de diagnostiquer l'ostéoporose mais aussi d'évaluer le risque de fracture et de guider le choix du traitement le plus approprié.

Ajustement des traitements anti-ostéoporotiques

En fonction des résultats de la densitométrie, le médecin peut décider d'initier, de modifier ou d'arrêter un traitement anti-ostéoporotique. Les options thérapeutiques courantes incluent :

  • Les bisphosphonates
  • Le dénosumab
  • Le tériparatide
  • Les modulateurs sélectifs des récepteurs aux œstrogènes (SERM)

L'efficacité de ces traitements est évaluée par des densitométries de suivi, permettant d'ajuster la posologie ou de changer de molécule si nécessaire. Un T-score qui s'améliore ou se stabilise est généralement signe d'une bonne réponse au traitement.

Recommandations nutritionnelles post-examen

Suite à une densitométrie osseuse, des recommandations nutritionnelles spécifiques peuvent être formulées pour soutenir la santé osseuse. Ces conseils incluent souvent :

  • Augmentation de l'apport en calcium (produits laitiers, légumes verts, poissons en conserve avec arêtes)
  • Optimisation de l'apport en vitamine D (exposition solaire modérée, aliments enrichis, supplémentation si nécessaire)
  • Consommation adéquate de protéines pour maintenir la masse musculaire
  • Limitation de la consommation d'alcool et de caféine

Ces recommandations sont personnalisées en fonction des résultats de l'examen et des habitudes alimentaires du patient.

Programmes d'exercices adaptés selon les résultats

L'activité physique joue un rôle essentiel dans le maintien de la santé osseuse. Après une densitométrie, un programme d'

exercices adaptés peut être recommandé. Ces programmes sont conçus pour :
  • Renforcer la masse osseuse par des exercices en charge (marche, jogging léger, montée d'escaliers)
  • Améliorer l'équilibre et réduire le risque de chutes (tai-chi, yoga)
  • Maintenir la masse musculaire (exercices de résistance adaptés)

L'intensité et le type d'exercices sont ajustés en fonction des résultats de la densitométrie et de la condition physique globale du patient. Pour les personnes présentant une ostéoporose sévère, des exercices à faible impact sont privilégiés pour éviter les fractures.

Limites et alternatives à la densitométrie osseuse

Bien que la densitométrie osseuse soit considérée comme la méthode de référence pour évaluer la santé osseuse, elle présente certaines limites, en particulier chez les patients âgés de plus de 70 ans. Il est important de comprendre ces limitations et de connaître les alternatives disponibles.

Limitations de la DXA chez les seniors

Les principales limites de la densitométrie osseuse chez les personnes âgées incluent :

  • La présence d'arthrose, qui peut fausser les résultats en surestimant la densité osseuse
  • Les calcifications aortiques, fréquentes chez les seniors, qui peuvent interférer avec les mesures du rachis
  • La difficulté de positionnement pour certains patients à mobilité réduite
  • L'incapacité à évaluer la qualité de l'os, un facteur important dans le risque de fracture

Techniques complémentaires d'évaluation du risque osseux

Pour pallier ces limitations, d'autres techniques peuvent être utilisées en complément ou en alternative à la DXA :

  1. L'ultrasonographie quantitative (QUS) : Cette méthode non irradiante mesure la densité osseuse au niveau du talon. Elle est particulièrement utile pour les patients qui ne peuvent pas se déplacer facilement.
  2. La tomodensitométrie quantitative (QCT) : Elle permet une évaluation tridimensionnelle de la densité osseuse et peut distinguer l'os cortical de l'os trabéculaire.
  3. L'IRM haute résolution : Bien que peu utilisée en routine, elle offre une évaluation détaillée de la microarchitecture osseuse.

Outils d'évaluation du risque de fracture

En complément de la densitométrie, des outils d'évaluation du risque de fracture sont utilisés pour affiner le diagnostic et guider la prise en charge :

  • FRAX (Fracture Risk Assessment Tool) : Cet outil en ligne intègre les facteurs de risque cliniques et les résultats de la DXA pour calculer le risque de fracture à 10 ans.
  • TBS (Trabecular Bone Score) : Cette mesure, dérivée des images DXA, évalue la qualité osseuse et peut être utilisée en complément du T-score.

Ces outils permettent une évaluation plus globale du risque de fracture, particulièrement utile chez les patients âgés où la densité osseuse n'est qu'un aspect de la fragilité squelettique.

L'utilisation combinée de la densitométrie osseuse et des outils d'évaluation du risque de fracture permet une approche plus personnalisée de la prise en charge de l'ostéoporose chez les seniors.

En conclusion, la densitométrie osseuse reste un examen clé pour évaluer la santé osseuse des personnes de plus de 70 ans. Cependant, son interprétation doit être nuancée et complétée par d'autres évaluations pour une prise en charge optimale. La décision de réaliser cet examen et la fréquence de son renouvellement doivent être discutées avec le médecin traitant, en tenant compte du profil de risque individuel et de l'état de santé global du patient.